Dans l’industrie cosmétique, certaines teintes de fond de teint restent absentes des rayons, tandis que des campagnes prônent la diversité sur les affiches. Les critères changent, les critères résistent. Des mots jaillissent pour décrire des formes, des couleurs, des singularités, sans toujours parvenir à effacer les hiérarchies implicites.
Entre injonctions à la perfection et nouvelles revendications, les pratiques évoluent. Les professionnels adaptent leurs conseils, les marques ajustent leurs gammes, les routines se diversifient. Les astuces circulent, portées par un désir d’équilibre entre acceptation de soi et plaisir de se mettre en valeur.
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Plan de l'article
La beauté inclusive : vers une nouvelle définition du “beau”
La beauté inclusive secoue les fondations du “beau” traditionnel. Ce qui semblait figé se fissure : les codes, les images, la façon même de nommer la beauté. L’écriture inclusive n’est plus un jargon réservé aux militants, mais une réalité qui s’immisce dans la langue française. Ce mouvement ne relève pas d’une posture, il traduit une volonté profonde : rendre toutes les identités visibles, donner leur place aux corps longtemps relégués dans l’ombre.
Pendant des siècles, la grammaire imposait la loi du genre masculin : l’Académie française érigée en gardienne d’un ordre où le féminin restait accessoire. Aujourd’hui, la parité femmes/hommes s’invite partout : dans les textes, dans les images, sur les réseaux sociaux. Derrière chaque mot, un combat pour l’égalité et la représentation. Les militantes et militants de l’inclusion ne se contentent pas de réarranger la syntaxe : ils réclament une révolution de la représentation, une mise à bas des stéréotypes sexistes qui ont longtemps dicté les contours du “beau”.
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Ce nouvel élan s’incarne dans les campagnes qui mettent en avant des morphologies, des teints, des âges, des genres multiples. Le positif corporel s’impose, nourri par des images sans retouche, par la célébration des singularités, par une attention nouvelle donnée aux récits de celles et ceux qui se reconnaissaient rarement à l’écran ou dans la presse. La beauté cesse d’être un moule : elle devient un terrain de liberté.
Nommer sans enfermer : là réside le défi. Comment parler du beau sans exclure ? Comment accorder à chaque personne la possibilité de se reconnaître dans les mots ? Les réponses émergent, parfois timides, souvent débattues : recours aux termes neutres, double flexion, recherche d’équilibre dans les accords. La route reste longue : oppositions, polémiques, résistances s’expriment. Mais la dynamique est lancée, et rien ne semble pouvoir l’arrêter.
Quels mots et expressions pour parler de la beauté sans exclure ?
Pour décrire la beauté de façon inclusive, il existe plusieurs ressources issues de l’écriture inclusive qui enrichissent la langue française. Ces procédés offrent des alternatives concrètes pour rendre chaque identité visible.
- Le point médian : il insère, dans un même mot, le féminin et le masculin (par exemple : “beau·elle·s”). Son usage signale d’emblée la diversité des genres et évite d’invisibiliser quiconque.
- La double flexion : cette méthode consiste à énoncer les deux formes, comme “belles et beaux”, “femmes et hommes”. Elle garantit à chaque genre une reconnaissance pleine et entière.
- Les mots épicènes : ces mots, identiques au masculin et au féminin (“artiste”, “individu”, “personne”), permettent de parler de la beauté sans imposer une assignation de genre.
- La règle de proximité : elle fait accorder l’adjectif avec le nom le plus proche, et non plus systématiquement au masculin, réduisant ainsi la domination grammaticale de ce dernier.
- La féminisation des noms de métiers : loin d’être un phénomène récent, cette pratique existait déjà au Moyen Âge. Elle contribue à donner de la visibilité à chaque forme de beauté professionnelle.
Recourir à ces outils modifie en profondeur la manière de décrire la beauté, mais aussi de penser l’égalité. La précision dans les mots, l’attention portée à chaque accord, le choix de termes inclusifs : autant de gestes qui ouvrent la voie à une diversité inclusive dans les discours. Les conseils pour une communication respectueuse passent par cette vigilance lexicale, ce soin du détail, cette volonté d’offrir à chacun et chacune la possibilité de se sentir représenté·e.
Conseils pratiques pour sublimer toutes les beautés au quotidien
Sublimer la beauté ne dépend ni d’un code secret ni d’un modèle imposé par le marché. Elle s’écrit chaque jour, dans nos gestes, dans la façon dont on parle, dans le regard qu’on porte sur soi et sur les autres. La langue française regorge d’outils pour valoriser chaque singularité, sans effacer aucune identité.
Commencez par ajuster vos mots : dans vos échanges professionnels ou personnels, privilégiez les mots épicènes comme “personne”, “artiste”, “individu”. Pratiquez la double flexion (“belles et beaux”, “celles et ceux”) afin de rendre visible chaque genre, sans que le masculin ne vienne gommer le féminin. Cette attention ne s’arrête pas aux conversations : elle s’étend aux réseaux sociaux, aux supports de communication, jusqu’aux descriptifs de produits ou de soins. Chaque mot, chaque accord, façonne la représentation positive de soi et des autres.
Pour vous guider, il existe des ressources pensées pour tous les publics : le manuel d’écriture inclusive de l’agence Mots-Clés, le Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe du Haut Conseil à l’égalité. Ces référentiels proposent des recommandations adaptées à tous types de situations. Les débats sur la lisibilité du point médian, notamment pour les personnes dyslexiques ou malvoyantes, invitent à moduler son usage, tout en maintenant le cap d’une communication équitable.
À titre individuel, encouragez la diversité corporelle et les identités plurielles : relayez les initiatives inclusives, diversifiez vos sources d’inspiration, interrogez vos propres représentations. Regardez du côté des nouveaux manuels scolaires, comme celui édité chez Hatier : l’écriture inclusive y trouve sa place, preuve que la transformation s’enracine peu à peu dans le quotidien, portée par un travail collectif sur la représentation.
Zoom sur les marques et initiatives qui célèbrent la diversité esthétique
Le secteur de la beauté ne ressemble plus tout à fait à ce qu’il était. Certaines marques s’attachent désormais à promouvoir la diversité et l’inclusion, loin d’un modèle unique et figé. Regardez Fenty Beauty : dès ses débuts, la marque a proposé quarante nuances de fond de teint, bousculant les codes et donnant à toutes les carnations une visibilité inédite. Cette ouverture dépasse la simple question des couleurs : la communication de la marque s’appuie sur des expressions inclusives, des visuels variés, des ambassadeur·rice·s qui échappent aux stéréotypes dominants.
En France, Sephora pousse la dynamique plus loin. L’enseigne multiplie les partenariats avec des créateur·rice·s issu·e·s de la diversité, met en avant des campagnes où le genre, l’âge et la morphologie s’affranchissent des carcans. D’autres exemples émergent, comme ces instituts de beauté inclusive à Paris, qui adaptent leurs soins à toutes les identités, du non-binaire aux personnes trans ou en situation de handicap. Ici, le choix des mots sur les fiches produits, dans l’accueil ou dans l’offre, se veut réfléchi et respectueux : épicène, neutre, ouvert à toutes les expériences.
Les réseaux sociaux accélèrent ce mouvement. Des hashtags tels que #diversité, #beautyinclusive ou #touslescorps font émerger des visages, des récits, des histoires singulières. Des collectifs interpellent l’industrie, réclament une image corporelle plus positive, exigent une représentation égalitaire entre femmes et hommes. Voilà comment la beauté, longtemps contenue dans des cases étroites, se libère peu à peu : dans les rayons, sur les affiches, dans les mots, et jusque dans les esprits.
Le mouvement ne faiblit pas. Partout, la diversité gagne du terrain et redessine ce que veut dire “être beau” ou “belle”. Demain, qui sait quels nouveaux visages, quels nouveaux mots, viendront enrichir ce paysage en perpétuelle évolution ?